Editorial

Démocratie: la presse en voie de disparition

Quand une radio s’adonne ouvertement à la publicité, à répétition au cours d’une période de grande écoute,  en faveur d’une loterie, avec les animateurs imitant honteusement les jingles,  l’on peut s’interroger jusqu’où ils iront pour rentabiliser leur entreprise. On attendait de la presse, dite quatrième pouvoir, qu’elle adopte une position responsable face aux fléaux qui rongent la société. Hélas. 

On dit de la pluralité de la presse qu’elle est le symbole de la liberté d’expression, opérant dans une démocratie. Or, les observateurs sont inquiets face à la tendance de la presse de se courber aux ordres de ceux qui nous gouvernent, mais aussi aux exigences des publicitaires pour des raisons pécuniaires.

Premier responsable: le déclin du nombre de lecteurs. Le constat est unanime, grâce à la popularité des réseaux sociaux, entre autres, il y a de moins en moins de lecteurs de journaux, sinon de lecteurs tout court, en particulier chez les jeunes. Ceux-ci ont tendance  à préférer la lecture rapide sur les portables et les clips vidéo pour s’informer.

 Le recours d’un quotidien à la publicité en faveur de son titre dans ses propres pages et la décision de cette publication d’offrir des cadeaux, après tirage au sort, à ses lecteurs est la démonstration même de ce déclin du nombre d’acheteurs de journaux. L’accès payant à certains articles virtuels va dans le même sens. 

Il s’agit d’une tendance mondiale, dont The Independent et The Guardian, en Angleterre,  furent parmi les premiers à lancer. 

Pour revenir aux médias locaux, quoi qu’en disent les responsables des radios, le licenciement ou la mise  à l’écart de certains animateurs/journalistes succombés au vedettariat et qui auraient la tendance de froisser les susceptibilités des princes qui nous gouvernent, est aussi un signal que la presse n’est pas aussi indépendante qu’elle le prétend. Il est reconnu que la presse, parlée ou écrite, mises à part les paillassons de Moka, fonctionne comme une entreprise et a besoin d’être rentable pour survivre. Et pour cela, elle dépend énormément de la publicité. 

Or, l’apport publicitaire est proportionnel à la popularité du média concerné. Ce qui explique aussi la tendance des radios à faire du sensationnalisme.

Cependant, le déclin ou la mort de la presse ne fait que le jeu du pouvoir, conscient que le déclin de la démocratie joue en leur faveur. C’est au peuple de décider du niveau de démocratie qu’elle désire. 

Abu Fawaz