La décision du gouvernement d’accorder aux fonctionnaires de foi hindou deux heures de congé pour des prières à l’occasion de l’inauguration d’un temple en Inde devait nous interpeller. La constitution de Maurice affirme que l’état Mauricien est un état laïc. Nous attendons de l’état qu’il soit équidistant de toutes les religions.
En effet, il s’agit de l’inauguration, par le Premier ministre indien, le 22 janvier prochain, du temple Ram Mandir construit sur les ruines du Babri Masjid à Ayodhyah. Cette inauguration revêt, aux yeux des indiens, une grande importance, du fait que ce temple est construit sur le site même du Babri Masjid qui avait été détruit par les extrémistes hindous du RSS, mené à l’époque par son chef, Lal Kishore Advani. Il avait été dit alors que cette mosquée millénaire avait été construite sur le lieu de naissance de la divinité Ram, qui, comme le reconnaissent les hindous, est lui-même un mythe. Tout en respectant les croyances et les perceptions, le Flambeau évitera de se hasarder sur ce terrain glissant.
Il faut néanmoins rappeler que la destruction, par des fanatiques en 1992 de cette mosquée ancestrale, donnait le coup d’envoi de la destruction subséquente de nombreuses mosquées en Inde, sous divers prétentions. C’est ainsi que le Hindutva, idéologie suprématiste d’extrême-droite, qui en était encore à ses balbutiements, prenait pied, pour, dans le sillage de la prise de pouvoir, en Inde, du Bharatiya Janata Party(BJP), se consolider et entreprendre des actions les unes plus agressives que les autres pour réaliser son agenda islamophobe.
Que des hindous à Maurice soutiennent le BJP ou l’hindutva n’est pas notre propos. Qu’un député du parti travailliste décide d’assister à cet évènement et d’encenser, sur You Tube, le PM indien, on s’en balance ou l’on prend note. Mais quand l’état intervient pour offrir deux heures de congé aux fonctionnaires, il y a une contradiction, d’autant que le Premier ministre mauricien ait décidé d’allumer lui-même des lampes à cette occasion.
Cette prise de position suscite au sein de la population de nombreuses interrogations. Serait-ce une indication que l’état, officiellement laïc, serait en faveur de hindutva et de l’extrémisme? L’état mauricien aurait-il pris position en faveur de la destruction, dans la controverse, de cette mosquée et, par extension la destruction d’autres à venir ? L’état mauricien serait-il, dans la même lignée, parce que les mosquées et les maisons des Musulmans ne sont pas détruites dans l’isolation, en faveur du génocide qui se prépare en Assam ou au Cachemire?
Le PM pourra-t-il nous éclairer sur ces questions?