Royaume Uni : Les nouveaux Goulags musulmans
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Royaume Uni : Les nouveaux Goulags musulmans

La Haute Cour de Londres a récemment révélé une toute autre réalité concernant la détention des prisonniers musulmans. Il s’agit de l’existence d’un système qui punit les prisonniers musulmans au-delà de leur peine, un système où un homme est enfermé 22 heures par jour, mois après mois, non pas pour ses actes, mais pour son identité.

Ce n’est pas la justice. C’est de la discrimination déguisée en mesure de sécurité. Les autres prisonniers ne subissent pas un tel isolement. Seuls les musulmans sont systématiquement placés dans ces prétendues « unités de séparation », où la punition se transforme en torture psychologique.

Un jugement historique a révélé l’existence de goulags musulmans dans les prisons britanniques. Un jugement de la Haute Cour a conclu que l’isolement prolongé du détenu Sahayb Abu violait l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme. L’organisation CAGE dénonce depuis longtemps un système judiciaire et pénal à deux vitesses, et ce jugement met en lumière la violence inhérente au régime d’isolement britannique appliqué aux détenus qualifiés de terroristes. Il s’agirait du premier cas où des ministres britanniques sont reconnus coupables de violation de cette protection fondamentale des droits humains.

Abu, déjà détenu dans un centre d’isolement, a été transféré dans un isolement encore plus restrictif pendant plus de quatre mois, confiné 22 heures par jour malgré des antécédents connus de traumatismes et de troubles mentaux. La Cour a constaté que l’État n’avait pas évalué ses besoins en santé mentale ni fourni de soutien thérapeutique, lui infligeant des souffrances « dépassant largement » ce qui pouvait être considéré comme légitime.

Cette affaire met en évidence la réalité d’un système profondément enraciné : les unités d’isolement et de séparation infligent délibérément de graves préjudices psychologiques. Leur utilisation est indissociable du cadre antiterroriste discriminatoire qui les a engendrés.

Les centres de séparation et unités similaires ont été introduits en 2017, sur fond de discours politiques présentant les prisons comme des « foyers de terrorisme ». Le concept même de « prisonniers extrémistes » repose sur des préjugés racialisés et islamophobes, où les pratiques islamiques ordinaires sont considérées comme une preuve de « radicalisation », et les prisonniers sont par conséquent punis pour y avoir participé.

La Haute Cour et le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture ont tous deux averti que l’isolement en petits groupes peut produire des effets psychologiques comparables à ceux de l’isolement cellulaire. Comme le démontre ce jugement, même de courtes périodes d’isolement peuvent déclencher des traumatismes, de la paranoïa et des pensées suicidaires – autant d’éléments documentés dans le témoignage d’Abu.