Tout comme Malala, Ahed Tamimi, activiste palestinienne de 16ans, a, derrière elle, une histoire de soulèvement contre les injustices. Pourtant, les groupes féministes occidentaux, les défenseurs des droits de l’homme ainsi que les décideurs politiques occidentaux observent un silence coupable face à la détention injuste et arbitraire d’Ahed par ses bourreaux israéliens.
Pourquoi cette double posture ?
Quand la jeune Malala Yousafzai, 15ans, avait été atteinte d’une balle à la tête au Pakistan, la réaction était différente. L’ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown, avait émis une pétition titrée « Je suis Malala ». L’Unesco avait lancé la campagne : “Stand Up For Malala.” Celle-ci fut invitée à rencontrer le Président Obama, ainsi que l’ancien Secrétaire General des Nations Unies, Ban Ki- Moon. Elle eut même droit à s’adresser à l’Assemblée Générale, recevant de nombreuses accolades, allant d’être citée par le magazine Time parmi les 100 personnes les plus influentes, Femme de l’année par le magazine Glamour, jusqu’à être couronnée Prix Nobel de la Paix en 2013. Il y a même une Journée Malala !
Mais il n’y pas de #Je suis Ahed ou #StandUpForAhed. Aucun des groupes féministes n’a émis une quelconque déclaration en sa faveur ou condamnant Israël. Pas de Journée Ahed non plus. En fait, les Etats Unis lui ont même refusé, dans le passe, un visa, pour une tournée de conférences. Le silence de Malala elle-même est intrigante.
Tout comme Malala, Ahed a, derrière elle, toute une histoire de dénonciation des injustices. Elle a protesté contre le vol de la terre et de l’eau par les usurpateurs juifs. Elle a subi des sacrifices personnels, ayant perdu un oncle et un cousin dans l’occupation. Ses parents et son père ont maintes fois été arrêtés. Sa mère a reçu une balle à la jambe. Deux ans plus tard, elle était sur une vidéo, essayant de protéger son cousin de 15 ans contre des soldats.
Pourquoi Ahed ne bénéficie pas de la même protestation internationale que Malala ? Pourquoi une telle indifférence?
Il y plusieurs raisons pour ce silence assourdissant. La première est qu’il est ouvertement acceptée que la violence venant de l’Etat est légitime. Tandis que des actions hostiles perpétrées par des acteurs non-étatiques tels que le Taliban ou Boko Haram sont illégales, des actions similaires par l’Etat sont estimées appropriées.
La position de la police israélienne est identique à celle de tous les oppresseurs. Elle veut étendre la détention d’Ahed parce qu’elle est « une menace » aux soldats ou qu’elle peut faire obstruction au fonctionnement de l’Etat. Il n’y a aucun doute qu’elle subira une torture excessive. La déclaration de la ministre de l’Education, Naftali Bennett, à l’effet qu’Ahed et sa famille devront finir leurs jours en prison n’est-elle pas assez éloquente ?
Les souffrances d’Ahed exposent aussi l’humanisme sélectif de l’Occident, selon lequel seules certaines causes méritent leur intervention.
Le cas d’Ahed, qui critique le colonialisme et milite en faveur de la justice ne constitue pas le genre de renforcement des capacités des femmes que l’Occident veut valoriser. Elle recherche la justice contre l’oppression plutôt qu’un soutien qui ne profite qu’à elle.
Son féminisme est politique, plutôt que centré sur des commodités ou le sexe. Son pouvoir de fille menace de révéler le visage haineux du colonialisme des usurpateurs juifs. Son courage et sa témérité révèle tout ce qui est dégoutant de cette occupation.
L’exemple d’Ahed devait nous inciter à nous interroger sur notre humanisme sélectif et le silence dont nous rendons complices.
Abu Fawaz