Les statistiques peuvent être interprétées selon l’angle que l’on veut. Toutefois la contradiction entre les affirmations de Statistics Mauritius à l’effet qu’il y a eu, en 2017, une légère baisse dans l’inégalité des revenus et celles de la Banque Mondiale à l’effet que l’inégalité entre les ménages a augmenté de 37% de 2001 à 2017, devrait nous interpeller. Une chose est cependant évidente : le propre du capitalisme est de permettre aux riches d’exploiter les pauvres. Il y va de leur intérêt de maintenir l’écart entre les riches et les pauvres.
Selon Statistics Mauritius, le revenu moyen dont dispose un ménage mauricien par mois a augmenté de Rs 29 420 en 2012 à Rs 36 810 en 2017, ce qui représente une hausse de 25,1 %. L’augmentation réelle, calculée après avoir pris en considération le taux d’inflation et la diminution de la taille d’un ménage (de 3,5 à 3,4) est 13,7 %. Faisons une parenthèse : traitant ce sujet, la MBC Tv omet cette précision. On attendait mieux d’Abdel Bolacky.
Selon le rapport du Household Budget Survey 2017 de Statistics Mauritius, publié le 30 avril, l’inégalité de revenu a diminué entre 2012 et 2017. La part du revenu total allant aux 20 % des ménages les plus pauvres a grimpé de 5,3 à 5,7 %. En parallèle, la part allant aux 20 % des foyers les plus riches a chuté de 47,5 à 46,0 %. Toutefois, il souligne que le taux de familles vivant sous le seuil de pauvreté était de 9,4 % en 2017, soit le même taux qu’en 2012. En d’autres mots, le nombre de familles vivant dans précarité a augmenté, si l’on tient en compte la croissance de la population.
De son coté, un récent rapport de la Banque Mondiale intitulé «Île Maurice : combattre les inégalités en créant des marchés du travail plus équitables» affirme que de 2001 à 2015, l’écart entre les revenus des ménages les plus pauvres et les plus riches s’est creusé, augmentant de 37 %. Ce chiffre contredit largement Statistics Mauritius qui affirme que le Gini coefficient est passé de 0,414 à 0,400, indiquant, selon eux, an improvement of the income distribution.
Pour la Banque Mondiale, le facteur le plus important à l’origine de l’écart entre les ménages est l’inégalité des revenus personnels. L’économie a connu une transition progressive des secteurs traditionnels, employeurs d’une main-d’œuvre peu qualifiée, vers le secteur des services, notamment les services professionnels, immobiliers et financiers. Outre les forces du marché, le système complexe des Remuneration Orders, fixant la grille des salaires et les conditions de travail des employés exerçant dans le secteur privé, a modérément contribué à la hausse des inégalités de salaires.
A leur décharge, Statistics Mauritius affirme que, lors de la présentation de son rapport le 26 mars dernier, la Banque Mondiale ne disposait pas des chiffres de 2017. Passer d’une hausse de 37% en cinq ans à une baisse de 13,7% en deux ans, ce n’est plus une couleuvre que l’on veut nous faire avaler, mais … un éléphant !