Editorial Opinions

Confiance ébranlée

La révocation, par la Banque de Maurice, de la licence de la Century Banking Corporation, première banque islamique du pays, porte un coup dur à la confiance des Mauriciens dans ce type de banque. Au-delà des allégations de blanchiment d’argent par cette banque, c’est le concept de la banque islamique elle-même qui pourrait être remis en cause par les investisseurs et épargnants mauriciens.

Déjà, l’on peut affirmer que les mauriciens, en général, n’étaient pas séduits par cette banque, malgré son attrait islamique. Cette suspicion vis-à-vis de la banque islamique pourrait remonter jusqu’aux années 80, quand un individu, sans doute bien intentionné, tenta d’opérer une institution financière, fondée sur le concept «  sans intérêt », pompeusement appelle banque islamique, sans une licence d’opération de l’autorité régulatrice. Les événements qui précédèrent le déclin de cette institution ont révélé que de nombreux épargnants ne comprenaient pas vraiment la banque islamique. C’est ainsi que ceux qui étaient séduits par son aspect « sans intérêt » n’avaient pas hésité à y déposer leurs économies. C’est par la suite que l’on découvrit que certains resquilleurs ont utilisé cette voie pour blanchir de l’argent provenant de sources suspicieuses. Ce sont ceux-ci qui avaient démontré le plus d’agressivité vis-à-vis de l’initiateur, allant jusqu’à le trainer en justice.  Il faut souligner, qu’à l’époque, le concept n’était pas encore reconnu par le ministère des Finances.

Pour revenir à la faillite de la Century Banking, la faiblesse de cette banque résidait, d’une part, dans la faiblesse de ses capitaux : moins de Rs3 milliards. D’autre part, les tergiversations observées par les directeurs à se lancer dans le retail banking n’étaient pas rassurantes pour des épargnants potentiels.

Faisons abstractions des allégations autour du transfert probable d’argent provenant d’un détournement de fonds d’un pays étranger. Les spécialistes sont unanimes : il fallait à tout prix éviter un tel désastre potentiellement capable de ternir,  à jamais, Dieu nous en garde,  l’image de cette noble institution, florissante ailleurs, qu’est la banque islamique.