Toute l’eau que peut acheter le royaume saoudien ne suffira pas pour permettre à Mohammed Ben Salman de se laver les mains du sang de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien exilé volontairement aux Etats Unis. Khashoggi était connu pour ses critiques envers le royaume de la honte et était la bête noire du prince héritier Mohammed Ben Salman.
Jamal Khashoggi, 59ans, était entré dans les locaux du consulat de l’Arabie Saoudite à Istambul le 2 octobre dernier pour ne plus en ressortir. Ce n’est que dix-sept jours après sa disparition que, les autorités saoudiennes ont admis, ce que tout le monde redoutait: ce journaliste saoudien, critique du pouvoir saoudien et exilé aux Etats-Unis, a bien été tué dans le consulat de son pays à Istanbul. Tout concorde avec l’affirmation des autorités turques à l’effet qu’il s’agit d’un assassinat prémédité.
Malgré les aveux de l’Arabie saoudite sur la mort du journaliste, tué au consulat du royaume à Istanbul, de nombreuses zones d’ombre demeurent et les Occidentaux ont réclamé davantage d’explications sur une version saoudienne jugée incomplète de cette affaire au retentissement international.
La confirmation de sa mort est venue, via l’agence de presse officielle SPA. «Les discussions entre lui et les personnes qui l’ont reçu au consulat ont débouché sur une bagarre et sur une rixe à coups de poing, ce qui a conduit à sa mort», a dit le procureur général Saoud al-Mojeb sans préciser où se trouvait son corps.
Mais ces explications sont loin de satisfaire tous les pays qui se disaient préoccupés par le sort du journaliste, alors que des responsables turcs n’ont cessé d’affirmer que Khashoggi avait été torturé et sauvagement assassiné par des agents saoudiens venus spécialement de Ryad.
Selon des journaux turcs, le corps du journaliste qui collaborait avec le Washington Post, aurait ensuite été démembré.
Avant de reconnaître la mort du journaliste, les autorités saoudiennes avaient pendant plus de deux semaines démenti la mort de Khashoggi, affirmant qu’il était entré au consulat et en était ressorti peu après.
Certains analystes occidentaux ont vu dans les limogeages et arrestations en Arabie Saoudite une tentative de désigner des boucs émissaires et d’épargner le prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l’homme fort du royaume, qui considérait Jamal Khashoggi comme sa «bête noire».
D’ailleurs, le Canada a jugé «ni crédibles ni cohérentes» les explications de Ryad sur cette affaire qui a suscité une onde de choc mondiale et terni l’image de Ryad. L’Allemagne les a trouvées «insuffisantes», la France a déclaré que «de nombreuses questions restent sans réponses» et l’Union européenne a demandé une enquête «approfondie» et «transparente».
Allié des Saoudiens, le président américain Donald Trump avait dans un premier temps jugé crédibles les explications saoudiennes avant d’estimer qu’elles étaient trop courtes.
Les demandes occidentales de plus d’explications sont intervenues alors que la presse turque a publié ces derniers jours de nouvelles révélations accablantes pour les Saoudiens.