Mali : l’échec afghan bis
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Mali : l’échec afghan bis

La fin de la collaboration militaire française au Mali serait-il une façon de la France de masquer son échec à faire régner la paix dans ce pays ? Le Mali que l’on estime être le dernier rempart face au mouvement des soi-disant djihadistes entrainerait-il ce que les occidentaux craignent, soit une vague  d’insécurité dans toute l’Afrique de l’Ouest ?

La prise du pouvoir à la faveur d’un nouveau coup d’état en neuf mois, par l’ex junte militaire, suivie de l’annonce de Macron du retrait temporaire des militaires français du pays fin mai permet de relever de nombreuses questions.

En premier lieu, que fait la France au Mali. La France est certes l’ancien colonisateur du Mali  et d’autres pays de la région. Mais a-t-elle d’autres intérêts au Mali ? Il faut savoir que le Mali possède plus de 80 mines d’or et produit environ 300 tonnes de ce métal précieux par an, ce qui fait de lui un riche allié ou une richesse exploitable.

Mais, depuis son entrée en fanfare au Mali en 2013, les forces de la Barkhane de l’armée française ne sont plus aussi bien vues. Déjà, en novembre 2020, des milliers de maliens manifestaient contre la présence  des français en leur pays.

Cette situation devrait être inquiétante d’autant qu’elle trouve désormais un écho au-delà des frontières du Mali. À la fin de mai, une manifestation similaire a eu lieu à Niamey au Niger. À la mi-octobre, c’est cette fois à Ouagadougou que plusieurs centaines de manifestants ont réclamé le départ de la France.

En quelques mois, à mesure que la situation sécuritaire se dégradait, une vague de ressentiment antifrançais diffus – et parfois confus – a gagné le Sahel. C’est surtout vrai au Mali et au Burkina Faso, où des dizaines de militaires et de civils sont tués chaque mois et où des régions entières échappent désormais à l’autorité de l’État.

Ce ne sont pas les premières manifestations de cette nature au Mali, mais elles sont cette fois-ci différentes, selon Jeune Afrique, pour deux raisons. D’abord parce qu’elles bénéficient du soutien d’un large éventail d’acteurs, de l’imam Dicko, qui n’est pas un nouveau venu sur la scène malienne, aux syndicats et à la société civile, en passant par une partie de la classe politique et par certaines composantes du secteur de la sécurité.

Ensuite parce que les manifestations bénéficient du soutien d’une grande partie de la population, et trouvent un écho particulier chez les jeunes, plus de 70 % d’entre eux exprimant leur mécontentement à l’égard du chef de l’État selon un récent sondage d’Inferentielle Opinion Research. Cela suggère une insatisfaction généralisée qui devrait inquiéter les dirigeants du Mali et la communauté internationale, qui a approuvé et soutenu la mise en œuvre de l’accord de paix.