Seulement 24% de Mauriciens à part entière
50 ans après l’indépendance de Maurice, seulement 24% de la population se considère uniquement ou plus Mauriciens, avec 18% se considérant uniquement des Mauriciens. C’est ce que révèle un sondage effectué par StraConsult dans le cadre des sondages Afrobarometer.
Ils sont neuf sur dix à considérer que leur identité ethnique est aussi importante que leur identité nationale. Le sondage, effectué auprès d’un échantillon de 1200 personnes, révèle que 63% des sondés s’estiment autant mauricien que membre de leur groupe ethnique.
Paradoxalement, la majorité de Mauriciens ne sont pas engagés dans des activités religieuses ou communautaires. Ils sont seulement deux sur 10 à être des membres actifs ou des leaders de groupe religieux.
Les résultats de ce sondage démontrent que pour la majorité des Mauriciens leur identité ethnique est aussi importante que leur identité nationale, une indication que, 50 ans après l’indépendance, nous ne sommes pas encore prêts à devenir une nation.
De nombreuses personnes, interrogées par Le Flambeau, tiennent les politiciens majoritairement responsables de cette situation. Cet activiste reconnu du village de Grand Sable désapprouve le communalisme, dit scientifique, pratiqué par les partis politiques. Ses amis estiment, pour leur part, que les politiciens accordent trop d’importance aux groupes marginaux, dits socioculturels, qui ne représentent, selon eux, que leurs intérêts.
Un autre groupe de jeunes trouve aberrante la proposition d’un parti politique en faveur d’un nouveau recensement communal. C’est une proposition rétrograde, affirment deux jeunes citadins. Quoi qu’il en soit, il y aura toujours des pseudo-défenseurs, pour ne pas dire des obscurantistes pour défendre le mal que constitue le Best Loser System. Nous y reviendrons
Pour revenir au rapport Afrobarometer, des observateurs estiment l’importance accordée à l’appartenance ethnique peut donner lieu à une dérive extrémiste. L’émergence de groupuscule extrémiste telle que les Overseas friends of the BJP, parti extrémiste hindou en Inde, ou la Hindu Force Common Front n’est pas étrangère à la présence sur le sol mauricien de visiteurs indésirables, comme un certain chef ministre, dont la visite avait suscité des craintes. L’on ne peut nier toutefois qu’il peut exister des groupes extrémistes en d’autres communautés.
Pour d’autres, la parcellisation de la population est le résultat du compartimentage pratiqué dès l’école primaire. Un compartimentage pour favoriser, selon un journaliste, aujourd’hui décédé, à la crétinisation de la population.
La création de la nation mauricienne, avec des Mauriciens à part entière, est loin d’être réalisée. Le concept Enn sel lepep, enn sel nation, serait-il un mythe ?